«J’ai étudié en France, d’abord en ingénierie, puis en commerce. Très tôt, j’ai commencé à m’intéresser à l’horlogerie. J’ai eu un coup de cœur lorsque j’ai réalisé que les montres mécaniques, qui me semblaient si futuristes, existaient bien avant les modèles à quartz. Dans un premier temps, j’ai travaillé chez PayPal, à Paris. C’était la période de l’essor des réseaux sociaux, des sites de commerce en ligne et des plateformes communautaires. Je n’ai pas la dextérité nécessaire pour fabriquer une montre, mais avec une souris et un clavier, un monde de possibilités s’ouvre à moi. J’ai donc décidé de combiner ces deux univers.

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J’ai envoyé une candidature spontanée chez Jaeger-LeCoultre, qui m’a proposé un poste au département digital. C’était il y a une dizaine d’années. J’avais 25 ans. En m’installant au Sentier (VD), ma vie a complètement changé! Au départ, j’étais attiré par un produit, puis j’ai découvert une industrie et un pays, qui m’ont tous deux fasciné. Cependant, je trouvais le rythme trop lent par rapport à ce que j’avais connu dans la tech. Pour compenser, je me suis mis à développer des applications le soir et les week-ends, notamment Toolwatch.io, qui permet de mesurer la précision des montres. Cela a très bien fonctionné: nous totalisons aujourd’hui 200 000 utilisateurs. Par la suite, j’ai rejoint Vacheron Constantin, où j’ai monté le département marketing digital, puis e-commerce. A l’époque, ce n’était pas anodin pour une marque de luxe de vendre des montres en ligne.

Par la suite, j’ai eu envie de tester les podcasts. L’idée de pouvoir enregistrer des audios et de les partager avec un public potentiellement infini me fascine. J’ai alors lancé Répétition Minute, le premier podcast français sur les montres, dont certains épisodes ont rassemblé plusieurs dizaines de milliers d’auditeurs. Ma réflexion était la suivante: je rencontre tous les jours des passionnés d’horlogerie, pourquoi ne pas rendre nos conversations disponibles au plus grand nombre? Cette expérience a fortement enrichi mon périmètre professionnel.

Lorsque le covid est arrivé, j’ai compris qu’il fallait que je transforme cette période chaotique en quelque chose de positif pour ne pas devenir fou. Une thématique revenait souvent dans mes discussions: celle de l’investissement dans les montres. En regardant ce qui s’écrivait dans la presse généraliste et ailleurs, je me suis aperçu qu’il y avait beaucoup d’erreurs factuelles. Par exemple, des conseils erronés sur les montres à acheter pour faire de bonnes affaires. Bref, le sujet prenait de l’importance et la manière dont il était traité ne me paraissait pas satisfaisante. J’ai donc foncé tête baissée dans ce projet d’écriture, en m’adressant en priorité aux collectionneurs. Le livre, intitulé Invest in Watches: The Art of Watch Collecting, a été publié il y a deux ans. Avec 10 000 exemplaires vendus à ce jour, il a rencontré un franc succès. C’est sans doute le projet dont je suis le plus fier. Il m’a ouvert de nombreuses portes et permis de rencontrer énormément de monde.

Dernièrement, j’ai eu envie de creuser le sujet de la vente aux enchères. J’ai constitué une base de données des résultats des ventes, que j’ai ensuite revendue à une société spécialisée. J’ai également lancé un cours en ligne sur l’achat de montres aux enchères, qui est une pratique bien plus accessible que ce que l’on pourrait imaginer.

Aujourd’hui, je travaille à plein temps pour Audemars Piguet en tant que directeur CPO pour développer l’offre de seconde main. J’ai automatisé mes anciens projets, ce qui me permet de me consacrer entièrement à mes activités présentes, tout en touchant des revenus passifs. La principale difficulté dans mon parcours a été de combiner des éléments a priori très différents: l’horlogerie, la technologie, la vente et la création de contenus. Tout était nouveau. Je n’ai pas pu m’appuyer sur des prédécesseurs, qui auraient pu me guider. J’ai dû apprendre les choses au fur et à mesure. Mais c’est également une source de motivation: le choc des cultures m’a toujours attiré.»