«A l’école, je n’ai jamais été premier de classe. Le déclic est arrivé plus tard. Le système suisse de formation continue m’a permis de me dépasser. A 20 ans, j’obtiens mon CFC de mécanicien et décroche mon premier emploi dans un garage de Noville (VD). Je deviens vite chef d’atelier, puis je passe directeur des ventes dans un garage montreusien. Mais ma curiosité me pousse à diversifier mes compétences. Gestion d’entreprise, comptabilité, finances et controlling, j’enchaîne les formations continues pendant plusieurs années.

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A 35 ans, alors directeur d’un garage Honda, je suis promu directeur des finances de la filiale suisse du constructeur japonais. De mécano, je suis devenu CFO. Mais il est difficile d’évoluer dans un grand groupe nippon en tant que Suisse. Je finis vite par m’ennuyer. J’ai déjà passé cinq ans chez Honda lorsqu’un de mes amis me propose de reprendre Elite. L’entreprise installée à Aubonne, connue pour ses matelas de fabrication artisanale, est en mains familiales depuis cent dix ans. Elle cherche un repreneur externe.

J’ai trouvé l’idée saugrenue: après vingt-cinq ans dans l’automobile, comment se projeter à la tête d’une fabrique de literie? Mon ami me convainc de tenter l’expérience. Je me lance alors tête baissée.

Pari gagné. Moins de vingt ans plus tard, l’entreprise a décuplé son chiffre d’affaires. Pour y parvenir, nous nous sommes étendus à l’international pour nous mettre à la hauteur de nos concurrents. Dans le domaine de la literie premium, l’artisanat présente un avantage concurrentiel: tissus, finitions, formes, nos clients peuvent tout personnaliser. En parallèle, nous investissons aussi dans l’innovation pour rendre nos matelas plus confortables.

En 2011, la première boutique Elite ouvre à Paris, suivie de Milan en 2013. Puis vient la crise du franc fort en 2015. Les commandes de l’hôtellerie et des magasins de meubles menacent de chuter. En Suisse, nous décidons de reprendre en charge la distribution, jusqu’ici déléguée à des partenaires. Le choix porte ses fruits: Lausanne, Genève, Verbier, Zurich ou encore Lugano, huit ans plus tard nous disposons de 15 boutiques dans tout le pays. En 2025, nous ouvrirons deux points de vente supplémentaires, à Vevey et à Fribourg. En parallèle, nous nous développons aussi à l’étranger. Après la Chine et l’Afrique du Sud, nous prévoyons de nous implanter aux Emirats et aux Etats-Unis.

Nous accordons une grande importance à la durabilité. Nos matelas sont certifiés par l’écolabel européen depuis 2011. Notre production fonctionne désormais à l’énergie verte grâce à nos panneaux solaires et à notre pompe à chaleur. En 2012 déjà, nous avons innové avec un système de location de lits, pour les hôtels, basé sur le suivi d’occupation, permettant d’optimiser la maintenance, les réparations et la désinfection. Cette approche d’économie circulaire prolonge la durée de vie des produits tout en protégeant l’environnement et la santé des utilisateurs.

En période creuse, je cherche toujours à préparer la reprise. Pendant le covid, nous investissons dans des locaux en Chine alors que le pays est encore à l’arrêt. Une stratégie qui nous permet de mieux préparer le terrain avant la réouverture et de profiter de prix plus avantageux. Dans chaque crise se cachent des opportunités.

En 2024, j’accepte la présidence de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie, qui représente un emploi sur trois dans le canton. A travers ce poste, j’entends bien participer à créer une société plus prospère, mais aussi plus équitable et durable, afin de garantir notre qualité de vie et de préserver notre environnement. Pour atteindre cet objectif, la participation des entreprises est cruciale. L’année 2025 présente déjà des enjeux majeurs, notamment la question des baisses d’impôts pour les particuliers. En toile de fond, les tensions géopolitiques, le franc fort, la pénurie de talents et les réglementations croissantes sont autant de défis qui rendent cette mission aussi nécessaire que passionnante.»