Il faut dire que l’on se connaissait bien. Boris est le meilleur ami de mon ancien patron d’apprentissage, chez Agence Fret Cargo, et j’avais entièrement confiance en lui, car à 32 ans, ce n’était pas la première entreprise qu’il lançait. Il a l’expérience de l’entrepreneuriat et j’ai le réseau dans le monde de la cuisine: nous sommes complémentaires et c’est ce qui nous a poussés à nous associer.

Notre concept? Dénicher des produits d’exception, comme du jambon ibérique, du homard, du saumon ou du crabe, et les distribuer aussi bien au grand public qu’aux restaurateurs. D’ailleurs, nous avons commencé par le caviar, car c’est le symbole du luxe gastronomique par excellence. Cela dit, c’est sympa et facile sur le papier. Dans la réalité, c’est plus compliqué.

Outre les démarches de base liées à la commercialisation d’un produit alimentaire, nous avons dû nous renseigner sur les conditions d’élevage, la préparation des œufs, la spécificité de chaque variété d’esturgeon et surtout sur le transport d’une denrée aussi fragile que le caviar. Tout cela prend du temps! Et cette attente est frustrante, voire parfois décourageante, entre les délais administratifs, les retards de livraison et l’envie de montrer le produit fini.

J’ai investi toutes mes économies dans le projet, et même plus. Je me suis un peu endetté et suis retourné vivre chez mon père, qui me soutient et m’encourage au quotidien. Ça me donne un peu l’impression de vivre de nouveau mes 17 ans… Heureusement, nous sommes sur une bonne lancée: les commandes s’envolent et plusieurs chefs travaillent avec nous, dont le «Cuisinier de l’année» 2023 du GaultMillau, Benoît Carcenat, à Rougemont. C’est très encourageant! Et lorsqu’un chef comme lui vous annonce reconduire le partenariat sur sa prochaine carte, c’est une immense fierté à laquelle je m’accroche dans l’espoir que d’autres m’accordent leur confiance malgré mon jeune âge.