Imaginé par Vanessa Grutter et Sylvie Descloux, cofondatrices de Work@FirstSight (WFS), le recrutement sans CV est une alternative au modèle traditionnel. Et cela semble plaire! Les deux recruteuses vont organiser leur huitième événement depuis 2020, le 21 novembre à Payerne. Il y a quelques mois, à Fribourg, la matinée de rencontres entre employeurs et chercheurs d’emploi avait enregistré plus d’une centaine d’inscrits, dont 12 entreprises, de la Sàrl au grand groupe.
«On compte entre 10 et 20% d’engagements finalisés à la suite de ces entretiens de quinze à trente minutes, relève Vanessa Grutter. Il est difficile de dire si ces recrues restent plus longtemps dans l’entreprise, mais on sait que le savoir-faire s’acquiert, tandis que les valeurs, elles, sont plus difficiles à changer.»
Pour Valentine Rime, adepte du concept depuis ses débuts, le résultat est probant. Les cinq recrues engagées ainsi sont toujours en poste. Le dernier candidat en date a tellement plu par ses qualités humaines lors de l’entretien que la RH de Smart Liberty, une société active dans les solutions numériques dans le domaine des soins, lui a même accordé un temps réduit, comme il le souhaitait, alors que le poste était à 80-100%.
Gain de temps
Concrètement, comment ça fonctionne? L’entreprise contacte WFS et dépose une demande en notifiant deux – et seulement deux – critères essentiels pour le poste ouvert. Aucune concession n’est faite à ce sujet. Le candidat intéressé envoie un e-mail au cabinet de recrutement, puis fait connaissance lors d’un premier échange téléphonique avec WFS. Il n’a alors envoyé aucun document. S’il est retenu, il est invité à rencontrer l’entreprise lors d’un événement et à discuter avec l’employeur qui n’a que son nom, son e-mail et son numéro de téléphone. A la fin de cet entretien, le chercheur d’emploi est retenu pour le stade suivant ou directement libéré.
«C’est un gain de temps énorme pour tout le monde: pour le candidat, qui passe des heures à préparer un dossier souvent à peine lu et qui n’a ainsi plus à attendre une réponse pendant des mois, et pour l’employeur, ajoute la responsable de la PME du Landeron. On sait souvent après quelques minutes si la personne ne va pas s’intégrer dans l’entreprise. Dans un mode de recrutement traditionnel, on aurait dépouillé les CV, fixé un rendez-vous, puis échangé quarante-cinq minutes avec un candidat pour finalement lui envoyer un refus.»
Avec le recrutement sans CV, une demi-journée suffit pour avoir une «short list» solide ou dénicher la perle rare. «Je profite également de ces matinées pour faire de la prospection en vue de futurs postes», signale Valentine Rime. Sur quoi porte la discussion lors de ces échanges? L’employeur est libre, mais comme il n’y a pas de CV, les questions s’orientent souvent sur les besoins du candidat, sa manière de réagir dans différentes situations. Une façon de faire déstabilisante parfois, mais qui permet de mieux cerner la personnalité d’un potentiel futur collaborateur.
«Tous les types de profils, y compris techniques, viennent à ce genre de rendez-vous, alors qu’on avait pensé le concept plutôt pour des commerciaux, pour lesquels le savoir-être est central, observe Vanessa Grutter. Or, on le voit, les entreprises s’inscrivent, y compris pour des postes très spécifiques. Elles cherchent une attitude et quelqu’un qui s’intègre, même si son parcours est atypique.»