Burn-out, manque de personnel qualifié, work-life-balance… Ces termes caractérisent le monde du travail aujourd’hui. La pression sur les travailleurs augmente. Selon l'Office fédéral de la statistique, la part des personnes qui se sentent stressées au travail a augmenté de 5 points en dix ans pour atteindre 23%. En outre, plus de la moitié des personnes stressées se sentent émotionnellement épuisées et présentent par conséquent un risque plus élevé de burn-out.

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Les personnes qui subissent un épuisement professionnel changent fréquemment de travail par la suite. «Souvent, les entreprises perdent des collaborateurs de longue date après une maladie ou une absence non planifiée de longue durée», confirme Andrea Oder, coach en congé sabbatique à Berlin. 

Pour anticiper un départ lié à un burn-out, il est recommandé de prendre un congé sabbatique. Le terme est dérivé de l'hébreu «sabbat» et signifie «s'arrêter, se reposer». Pendant cette pause professionnelle, les collaborateurs font le plein d'énergie, passent du temps avec leur famille et peuvent réaliser des rêves qu'ils caressent depuis longtemps.

Peur de l'affluence

Les pauses de travail prolongées sont un thème bien connu des entreprises suisses. Ainsi, Nestlé et Roche proposent un programme de congé sabbatique, mais n'ont pas défini d'indications plus précises. Chez Roche par exemple, les congés professionnels sont planifiés sur une base individuelle et à la discrétion des supérieurs.

Les programmes de congé sabbatique sont réglés plus précisément à la Poste. Tous les collaborateurs ont ici la possibilité de prendre un congé professionnel. «Le maximum est un congé non payé d'un an en une seule fois», explique une porte-parole.

Se passer d'un collaborateur durant toute une année? Cela semble fastidieux pour de nombreuses entreprises. En Suisse, il existe des sociétés qui n'ont pas de programmes sabbatiques classiques, comme Novartis et Helvetia. Au sein du géant pharmaceutique bâlois, certaines demandes sont accordées en fonction des possibilités de l'entreprise, et chez l'assureur, un rachat de vacances de dix jours et un congé non payé sont possibles.

Andrea Oder connaît de telles variantes allégées, mais estime qu'il vaut la peine pour les entreprises d'intégrer un programme sabbatique officiel dans la culture d'entreprise. Mais de nombreuses sociétés en auraient peur. «Il faut se défaire de l'idée qu'il y aura immédiatement une ruée», dit-il. En effet, les collaborateurs se trouvent à des moments différents de leur vie, de sorte qu'un congé sabbatique n'entre pas en ligne de compte pour tous.

En outre, les conditions-cadres permettent à l'entreprise de contrôler très facilement le nombre de collaborateurs qui peuvent demander un congé sabbatique. A la banque cantonale de Zurich, par exemple, tous les employés âgés de 35 ans et plus, qui travaillent depuis au moins dix ans pour l’établissement, ont le droit de prendre un congé sabbatique. «Ensuite, les collaborateurs ont droit à un congé sabbatique tous les cinq ans», explique une porte-parole. Par congé sabbatique, la banque entend une interruption de travail de vingt à trente jours.

D'autres entreprises limitent les congés sabbatiques aux cadres et aux membres de la direction, comme UBS. Les membres de la direction ont droit à un congé après 15 ans. La durée maximale est de six à huit semaines, et la banque met à disposition 15 ou 20 jours de travail rémunérés. Les autres jours sont couverts par le droit aux vacances ou par un congé non payé. Pendant l'absence, la banque continue de payer toutes les prestations, y compris l'assurance et la caisse de pension.

Les formes du congé sabbatique

Ce n'est généralement pas le cas. Si une pause professionnelle est couverte par un congé non payé, le collaborateur ne reçoit pas de salaire pendant cette période. La suspension du versement du salaire entraîne généralement la suppression des prestations de la caisse de pension et de l'assurance-accidents. C'est pourquoi Andrea Oder recommande généralement le modèle à temps partiel.

Dans ce modèle, un collaborateur - appelé Klaus à des fins d'illustration - ne perçoit qu'une partie de son salaire. Par exemple, Klaus travaille à 100% pendant deux ans, mais ne reçoit que 80% de son salaire. Si Klaus prend ensuite un congé professionnel de six mois, l'entreprise continue à lui verser les 20% de salaire qu'il a mis de côté pendant cette période. Le contrat de travail initial que Klaus a négocié avec l'entreprise est dans ce cas donné pour une durée de deux ans et demi.

Selon Andrea Oder, ce modèle présente des avantages pour les deux parties: Klaus continue à percevoir son salaire et ses avantages professionnels pendant son congé sabbatique, l'entreprise connaît l'absence de Klaus longtemps à l'avance, de sorte que le remplacement peut être planifié à l'avance.

Une autre possibilité de prendre un congé sabbatique est de prendre un congé non payé. Cela implique pour le collaborateur de disposer d'un certain matelas financier. Le groupe ABB permet de cette manière à ses collaborateurs de faire une pause professionnelle sans restrictions d'une durée pouvant aller jusqu'à six mois. «Pour une interruption de carrière plus longue, de six mois à trois ans, des conditions supplémentaires s'appliquent», explique une porte-parole. Et de préciser: «Comme condition pour un congé prolongé, le collaborateur doit avoir de bonnes qualifications et une ancienneté de trois ans dans l'entreprise.»

Le mot d'ordre: s'y prendre tôt

Les modèles de congé sabbatique dans les entreprises suisses sont aussi variés que les raisons qui poussent les collaborateurs à demander un congé sabbatique. Un consensus général se dégage toutefois: les entreprises apprécient d'être prévenues le plus tôt possible.

Alors que les arrêts maladie ne peuvent pas être planifiés, l'entreprise a le privilège de pouvoir préparer au mieux la situation dans le cas d'un congé sabbatique. Il est possible d'en informer l'équipe et d'organiser à temps son remplacement.

Il est important que le responsable fasse comprendre à son équipe qu'un congé sabbatique n'est pas simplement du temps libre. En effet, les congés sabbatiques font vite des envieux. Il est donc d'autant plus important de montrer qu'un collaborateur a travaillé pour obtenir ce congé, que ce soit financièrement, par le biais d'heures supplémentaires ou d'un accord spécial. Communiquer de manière transparente permet d'éviter une dynamique biaisée au sein de l'équipe et favorise la compréhension afin de reprendre le poste de la personne pendant son congé sabbatique.

Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Handelszeitung.