Les uns tapent nerveusement du pied sur le sol. D'autres s'accrochent à leurs documents lorsqu'ils répondent à une question. Et d'autres encore commencent à se gratter le nez avec l'index durant une réunion. Ce sont des gestes que les gens font généralement sans s'en rendre compte, mais qui en disent long sur leurs pensées. 

Bianca Knecht sait lire les signes du langage corporel des candidats et des collaborateurs. Cette spécialiste des ressources humaines argovienne donne des conseils aux managers qui souhaitent mieux comprendre leurs employés ou cherchent le candidat parfait pour un poste. «En matière de langage corporel, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse», précise-t-elle d'emblée. Elle souligne que certains gestes ne représentent pas toujours exactement une émotion. Ils doivent être considérés comme des signes. L’enjeu pour les cadres consiste à faire la différence entre un mouvement irréfléchi et une situation grave.

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Voici quelques indices pouvant apparaître dans le cadre de réunions ou au cours d’un entretien d'embauche.

Reculer les pieds ou croiser les bras

Ces comportements, tout comme le fait d'éviter le contact visuel ou de se frotter les yeux fermés, sont des indices qui montrent que l'interlocuteur est mal à l'aise et que la personne se distancie de ses propos ou du sujet. Dans les situations où il n'est pas possible de se détourner facilement, les gens croisent parfois soudainement les bras pour se démarquer. Il s'agit d'une réaction de fuite. «Les réactions de fuite se manifestent par un langage corporel évasif. C'est le moment où l'on devrait être attentif en tant que dirigeant», explique Bianca Knecht. Si une personne dit par exemple oui, mais qu'elle secoue la tête, elle se contredit. Il y a une divergence avec la déclaration. «Il est recommandé de vérifier si c'est vrai pour la personne ou si celle-ci a une objection.»

L'index sur le nez ou sur le visage

L'index est le doigt de la critique. Celui qui n'est pas d'accord avec une déclaration se touche souvent inconsciemment le visage et signale ainsi son incompréhension. «Les cadres peuvent alors demander si la personne est d'accord avec ce qui a été dit ou si elle souhaite apporter un autre point de vue», indique l’experte. La réponse est généralement la même: «Tout va bien, mais je viens de penser à quelque chose», ce qui peut susciter une discussion.

Le buste en avant, le regard agressif ou l'invective

C'est un type de comportement en cas de menace: on va au combat et on se dispute. La défense se fait sur une attaque. Cela arrive lorsque quelqu'un n'est pas satisfait de ce qui a été dit, n'est pas d'accord avec le dirigeant ou se sent personnellement attaqué. «Si les collaborateurs montrent des signes de comportement de lutte, ils veulent se défendre contre leur agresseur.» Sur le plan linguistique, il s'ensuit souvent des injures, voire des insultes et des menaces. Ou alors, la personne tombe dans le sarcasme.

Jouer avec des objets ou s'accrocher

Une personne touche un stylo, joue avec la bague à son doigt ou tient fermement un papier dans sa main: elle pratique la «manipulation d'objets» et se calme avec ces gestes. «Un tel comportement est observable lorsqu’il est question de salaire. On devient souvent nerveux», explique la spécialiste. Si l'on demande le salaire habituel et que la personne donne un montant, celui-ci peut être correct ou non. Les gestes de réassurance sont alors des indices de ce qui est vrai et de ce qui ne l'est pas. «Si l'on pose ensuite la question de savoir comment se décompose le salaire mentionné et que le candidat se penche ensuite en arrière, il a tendance à se sentir mal à l'aise, ce qui peut vouloir dire qu’il bluffe.»

Se masser les mains ou se passer la main sur la tête

C'est un deuxième type de gestes pour se rassurer: se toucher, se gratter, se passer la main dans les cheveux ou se taper le dos de la main avec le doigt. «Ce sont des signes de stress, la personne veut se calmer elle-même.» Pour le cadre, cela signifie: trouver ce qui stresse la personne et pourquoi elle se gratte la tête. «Nous utilisons des gestes d'apaisement, car ils nous aident à retrouver un état normal dans les situations de stress», explique Bianca Knecht. De telles réactions suivent aussi très souvent face à des personnes en mode d'attaque. Si un collaborateur s'enfuit, son voisin peut se sentir mal à l'aise, ce qui l'amène à faire des gestes d'apaisement.

Rire ou sourire

Selon l'experte, on reconnaît un vrai rire à plusieurs éléments: «Des rides de rire se forment autour des yeux, un bourrelet apparaît sous les yeux et les coins de la bouche. De plus, les joues sont tirées vers le haut.» Bien sûr, seul le vrai plaisir compte, mais il est frappant de constater que nous traversons souvent notre quotidien avec des gestes feints: un «rire social» pour un selfie, un sourire en coin comme indice d'un rire prétentieux ou un rire de complaisance pour plaire. «Il existe de nombreux types de rires, mais seul le vrai rire, celui qui fait briller les yeux, est considéré comme une approbation et un indice de bien-être et d'émotion.»

Ordinateur ou téléphone portable à la séance

L'ordinateur portable, le téléphone mobile, la tablette font désormais partie intégrante du quotidien professionnel. Ils font souvent leur entrée dans les séances et détournent les gens de ce qui se passe. Bianca Knecht demande: «Pourrait-on éventuellement s'organiser autrement et renoncer à l'ordinateur portable pendant la séance?» Dans de nombreux cas, une personne rédigeant le procès-verbal suffit, sinon les appareils électroniques ne devraient pas être ouverts sur la table. Ils agissent comme une barrière. «En outre, ils compliquent la perception qu'ont les cadres de leurs propres collaborateurs, car on fait attention à l'écran plutôt qu'au langage corporel des collaborateurs.»

Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Handelszeitung.