Plus de 99% des entreprises et environ deux tiers des emplois en Suisse sont attribués aux PME. Le paysage est varié et dynamique: de l'artisan travaillant seul à l'usine fabricant des machines, on trouve de tout parmi les sociétés qui emploient jusqu'à 250 personnes.
Aussi différentes que soient les PME, la plupart d'entre elles ont quelque chose en commun: très souvent, les directeurs généraux et les propriétaires comptent sur leur cercle de connaissances pour pourvoir les postes au sein du conseil d'administration. Ils nomment des membres de leur famille et des amis au sein de ce comité.
Selon Dominic Lüthi, cela se fait par confiance et par discrétion, mais aussi par habitude, par peur de perdre le pouvoir et par complaisance. Le fondateur de la plateforme VRmandat.com fournit depuis des années des conseils d'administration aux PME et souligne l'importance d'un conseil de surveillance diversifié.
Si elles se contentent de choisir leur conseil d'administration parmi leurs connaissances, les PME se privent de chances, affirme également Reto Stauffacher. «Il leur manque la distance et le regard extérieur nécessaires», explique le responsable de la communication de Gryps, un portail en ligne pour les PME qui appartient, tout comme Handelszeitung, à la maison d'édition Ringier. «Cela limite les possibilités et peut conduire à des angles morts, voire à des dépendances non désirées.»
En effet, le conseil d'administration ne sert pas seulement à contrôler la direction opérationnelle, mais aussi à mettre en œuvre des stratégies à long terme. En outre, le conseil d'administration est considéré comme un correctif pour le CEO ou le fondateur, qui remet en question et évalue les décisions.
Mais à quoi ressemble le conseil d'administration idéal d'une PME? Quelles sont les compétences dont il a besoin? Et comment une PME peut-elle trouver le conseil d'administration qui lui convient? Les deux experts ont les réponses à ces questions.
Deux règles d'or
Le conseil d'administration parfait n'existe pas, car il évolue au fil du temps. «Il est nécessaire de remplacer un membre du conseil d'administration si ses compétences ne correspondent plus aux défis actuels ou futurs de l'entreprise», explique Dominic Lüthi. Ces défis comprennent les bouleversements technologiques, les nouvelles exigences du marché ou la modernisation du modèle commercial.
Contrairement aux grandes entreprises, les PME abordent souvent ces questions de manière moins proactive: «De nombreuses PME agissent principalement de manière réactive.» En d'autres termes, elles n'acquièrent le savoir-faire nécessaire que lorsque le défi ne peut plus être contourné.
Par conséquent, deux règles d'or sont importantes lors du choix du conseil d'administration. Il s'agit notamment de réfléchir à l'orientation stratégique: le conseil d'administration doit disposer de compétences qui complètent et font progresser de manière optimale la stratégie de l'entreprise. Car seul celui qui anticipe l'avenir sait quand de nouvelles connaissances sont nécessaires pour relever les défis à venir.
D'autre part, un conseil d'administration doit être diversifié et indépendant. Les deux experts recommandent un mélange équilibré de perspectives différentes et d'indépendance vis-à-vis de la direction. Cela favorise des décisions éclairées.
Diversité des compétences, du sexe et de l'âge
Un conseil d'administration complet comprend des rôles individuels formels et légalement réglementés tels que président, vice-président et secrétaire. Les membres ont alors une réelle marge de manœuvre pour doter le conseil d'administration des compétences techniques et sociales nécessaires.
Les compétences techniques comprennent avant tout la connaissance du secteur. À cela s'ajoutent des domaines spécialisés tels que la numérisation, la durabilité, la stratégie et la gestion du changement, la communication, les finances ou les questions juridiques. «Un mélange est essentiel pour relever les défis actuels et futurs», déclare Dominic Lüthi.
Mais les compétences professionnelles seules ne suffisent pas. Un conseil d'administration diversifié présente également une pluralité dans le domaine social: les personnes sont-elles intègres, crédibles, capables de gérer les conflits et de travailler en équipe? En outre, c'est un mélange hétérogène qui constitue la meilleure équipe: l'âge, le sexe et l'origine géographique complètent le tableau.
C'est là qu'interviennent les membres externes du conseil d'administration. En effet, «en règle générale, ils sont plus impartiaux et peuvent garantir un équilibre», explique Dominic Lüthi. Et Reto Stauffacher d'ajouter: «Ce n'est que si le comité couvre différents points de vue et parcours de vie que des décisions stratégiques peuvent être prises dans le meilleur intérêt de l'entreprise.»
La recherche de la bonne personne
Le fait de se partager les mandats au sein des conseils d'administration est une pratique très répandue. Mais cette pratique est de plus en plus mal vue. Aujourd'hui, il n'est plus nécessaire de se demander où trouver des experts compétents. Il existe suffisamment de points de contact pour aider au recrutement.
Il faut d'abord regarder au sein de sa propre entreprise. «Y a-t-il dans la société des cadres de longue date ayant les compétences nécessaires, le temps et l'intérêt pour siéger au conseil d'administration?», demande Dominic Lüthi.
Si l'on recherche une personne externe, on peut faire appel à des agences de recrutement ou consulter une plateforme numérique. Les agences de recrutement sont généralement coûteuses, mais elles sont recommandées aux entreprises qui disposent d'un budget suffisant pour rechercher une personne spécifique présentant les qualifications requises.
Les plateformes en ligne proposent désormais différentes offres: VRmandat.com est une option sur laquelle les entreprises et les personnes intéressées peuvent s'inscrire. D'autres plateformes telles que Women for the Board se sont spécialisées dans les femmes membres de conseils d'administration: les femmes intéressées publient leur profil et les entreprises entrent directement en contact avec les candidates potentielles.
Une rémunération appropriée comme signe d'appréciation
Selon une étude de BDO, la rémunération moyenne des membres de conseils d'administration dans le paysage des PME s'élève à environ 21 000 francs par an. Les présidents et les délégués reçoivent un montant plus élevé, soit 28 000 francs. «Une rémunération appropriée témoigne de l'estime portée à la personne, garantit son engagement et augmente sa volonté d'assumer des responsabilités», déclare Dominic Lüthi.
Cependant, toutes les PME ne peuvent pas se permettre de verser une rémunération de 20 000 francs. C'est pourquoi on assiste généralement à une combinaison de reconnaissance monétaire et de reconnaissance non monétaire; pour beaucoup, la possibilité de participer à la conception est déjà une motivation suffisante pour siéger au conseil d'administration.
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Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Handelszeitung.