Lorsqu'il a été annoncé en mai 2017 que Jan Jenisch, alors CEO de la société de matériaux de construction Sika, avait rejoint le groupe cimentier Lafargeholcim, l'action Sika a perdu 4%. En revanche, le cours de Lafargeholcim s’est envolé de 6% ce jour-là.

Les changements de postes de direction s'accompagnent souvent d'une forte rumeur. Le simple fait d'évoquer un départ imminent ou d'exprimer son mécontentement face à la situation actuelle envoie inévitablement des signaux. Cela alimente l'incertitude au sein de l'équipe, de l'entreprise et des analystes.

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Il est clair que rien ne doit filtrer jusqu'à ce que le changement soit finalisé. Le silence absolu est de rigueur, même pendant la recherche. Mais comment une personne ayant des responsabilités de direction peut-elle signaler qu'elle n'est pas satisfaite de son poste actuel et qu'elle est ouverte à d’autres offres? Et comment doit-elle s'y prendre? C'est ce que nous avons demandé à deux professionnelles de la recherche de cadres: Nina Ranke, consultante chez Egon Zehnder, et Marion Fengler-Veith, partenaire chez Heidrick & Struggles. 

Réfléchir à sa propre carrière

«On ne veut pas faire de vagues sur le sujet, et pourtant il faut agir», explique Nina Ranke. «Il faut être proactif. Il est peu probable que l'on reçoive immédiatement cinq ou six propositions», ajoute Marion Fengler-Veith.

Toutes deux confirment l'importance du réseau. Le fait d'entretenir ses contacts, mais aussi d’en réactiver d'anciens, ouvre de nouvelles possibilités. «La visite de manifestations sectorielles en fait partie», indique Marion Fengler-Veith. Cela vaut également pour les postes de chef des finances ou des RH. «Dans les cas les plus anodins, il en résulte une connaissance générale, dans le meilleur des cas, on apprend des choses et des changements qui se profilent.»

Pour saisir de telles opportunités, il faut prendre conscience de sa propre position. Pour cela, un regard dans le passé est nécessaire: «Qu'ai-je fait jusqu'à présent? Et surtout, comment l'ai-je fait?», souligne Nina Ranke.

Cet état des lieux comprend également les questions suivantes: quelle est mon expérience dans le secteur? Quelles compétences transférables ai-je acquises? Quelles ont été mes plus grandes réussites et qu'est-ce qui a été déterminant?

D'autre part, il faut aussi regarder vers l'avenir: «Vous devez prendre conscience de ce à quoi pourrait ressembler une prochaine étape possible et où vous souhaitez aller.» La question de savoir ce qui vous donne de l'énergie et ce dont vous avez besoin pour être heureux dans un nouveau poste peut également aider. Cela inclut aussi des réflexions sur le lieu de travail et le salaire.

Se faire recommander

Mais à ce niveau, il ne suffit pas d'étendre son réseau. Il est recommandé d'entrer en contact avec des chasseurs de têtes. On peut aussi contacter directement des sociétés de recherche de cadres, mais on augmente ses chances si on est recommandé par quelqu'un, explique Nina Ranke.

Recommander, c'est le business des agences de recrutement. Cependant, une personne motivée garde aussi ses chances sans recommandation. Selon Marion Fengler-Veith, il suffit pour cela d'un CV standardisé qui, outre les responsabilités, indique également les étapes atteintes. «La dimension et la complexité de ces étapes doivent être évidentes.» Elle trouve la lettre de motivation encore plus importante: «Je dois savoir où la personne peut aller et quel défi elle recherche.» Ce n'est qu'ainsi qu'elle sait, lors d'un mandat, à qui elle peut s'adresser et pour qui ce poste n'entre pas en ligne de compte. 

Dans le processus de recherche, on a tendance à oublier l'aspect temporel. «La démarche nécessite de la flexibilité. C'est justement lors des entretiens qu'il faut prévoir suffisamment de temps pour la préparation et la réalisation», explique l'associée de Heidrick & Struggles. Il faut également faire preuve d'une certaine ouverture et de curiosité. «Si l'on est contacté et que l'on exclut d'emblée le poste, il faut le dire. Mais sinon, il faut être prêt à simplement écouter.» Si cela ne convient pas, les recommandations sont là aussi les bienvenues. Car c'est le dialogue qui permet de se retrouver en tête de liste des recruteurs.

Présence sur les médias sociaux

Un dernier point a récemment gagné en importance: la présence sur les réseaux sociaux. Les experts en recrutement de cadres scannent tout ce qu'ils trouvent. Il n'est pas nécessaire de poster régulièrement, mais «tenez votre profil à jour et rendez vos positions les plus importantes visibles», recommande Marion Fengler-Veith. Cela génère de l'attention, ce qui est également utile pour obtenir une position convoitée. 

Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Handelszeitung.

Tina Fischer
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